En décrivant le phénomène de la perception, la phénoménologie est conduite à remonter du monde où nous nous trouvons toujours déjà pour revenir à la source de l’apparaître, à la conscience intentionnelle animant une matière sensible pure. Mais comment rendre compte de la donation de cette matière première ? Est-ce seulement possible ?
Faut-il se satisfaire d’une conception transcendantale de la chair pour rendre compte de ce sentir pur ? Ou bien doit-on et peut-on remonter en deçà, en direction d’un événement grâce auquel il y a du sensible ? La chair aurait-elle alors pour fonction d’assurer le passage entre cette première donne du sensible et le monde tel que nous le constituons ?
S’il en était bien ainsi, toute la question serait alors de savoir comment articuler les deux sens de la chair, événementiale et expressive, afin d’en éviter la déchirure. L’exploration du corps érotique serait-elle à même de réconcilier la chair avec elle-même pour ainsi nous livrer le secret de notre condition sensible ?
C’est ce que cet ouvrage prétend méditer en s’appuyant sur les ressources offertes par la phénoménologie jusque dans ses développements les plus contemporains.